
NOTE CONCEPTUELLE |
Prologue |
Les sciences humaines sont-elles des sciences ? Quel est leur rapport à la conscience ? Il en est de même s’agissant du transhumanisme est-il un humanisme ? Dans un cas comme dans l’autre s’agit-il de l’humain ? Qu’est-ce que l’humain ? Les sciences humaines sont des disciplines dont la mission est de nous donner la compréhension de la réalité humaine, de notre identité d’homme. Elles s’enseignent dans nos universités, les mêmes en Europe où elles sont nées et en Afrique où elles se développent depuis les indépendances. Importées d’Europe elles portent la marque de leur origine coloniale. Dès lors de quelle identité s’agit-il ? Sont-elles capables de nous donner la conscience de ce que nous sommes vraiment après tant de siècles de colonisation donc d’aliénation ? Seraient-elles la promesse de notre libération ? La rupture est nécessaire pour faire place à la conscience libérée : « Car le néant de la non-conscience serait le pire des enfers. » C’est la raison calculatrice et mathématicienne qui est visée. Elle impose sa souveraineté sur toutes les disciplines, en sciences humaines comme en médecine. Il s’agit donc de se soustraire à l’emprise du modèle rationnel et mécaniste qui, en voulant devenir maître et possesseur de la nature, a privilégié le primat de la quantité sur la qualité, des capacités physiques sur « la vie intérieure », la spiritualité.
Avec le transhumanisme auquel il faut rattacher le posthumanisme c’est aussi le primat de la quantité sur la qualité que nous constatons. C’est un courant de pensée qui se développe au nord dans un contexte où la science et la technologie ont atteint un très haut niveau de développement, particulièrement aux Etats-Unis, qui repose sur la convergence des NBIC avec l’ambition de libérer l’homme des conditions de sa finitude dont le symbole est son corps. Il s’agit de préparer l’humain à sa propre libération, à devenir par ses propres forces autre, selon un rythme qui contraste avec la lenteur des changements naturels de la loi de l’évolution. La conscience est -elle sensée accompagnée cette évolution, ou plutôt sa perte, son rejet la condition de sa libération. ? Ce sera l’homme augmenté qui n’aura plus de défauts génétiques, super intelligent, avec une mémoire exceptionnelle. Cette transformation, l’ambition du transhumanisme, s’accompagne du sacrifice de la destruction de la partie fondamentale de ce qui fait l’homme : la dignité, la conscience. Faut-il s’en inquiéter ? Puisqu’il s’agit de libération, les sciences humaines et le transhumanisme poursuivraient-ils le même objectif ? Dans un contexte de mondialisation sans transcendance, Dieu, il nous faut inventer une nouvelle culture, une culture de résistance pour considérer, comme dirait Kant, l’autre toujours comme une fin, une liberté, une conscience, car le problème devient celui de la relation à l’autre, de la protection de l’autre comme personne, dignité humaine. A y regarder de près, c’est la vocation des sciences humaines : la protection de l’humain. Dans cette crise de l’humanisme la place qu’occupe la médecine donne aux médecins, ils ne sont pas les seuls, une lourde responsabilité. La médecine est-elle science ou art ? Avec le Serment d’Hippocrate son lien avec l’éthique lui est consubstantiel. Il leur appartient de savoir résister au pouvoir que leur donne la science pour considérer l’autre toujours comme une fin, une liberté, une conscience. La situation exige un nouveau cadre de rencontres, de concertations, une coopération transdisciplinaire avec l’apport des sciences humaines. C’est une nouvelle culture à inventer.
|